Mercredi 20 septembre 2017, comme tous les 20 septembre depuis 2004, c’est la journée mondiale du logiciel libre.
Le logiciel libre, une idéologie et des acteurs
Instaurée en 2004, la journée internationale du logiciel libre est soutenue par des acteurs majeurs tels que Mozilla. Son objectif : initier les publics au libre à travers le monde. Une mission d’évangélisation, en quelques sortes ? Si l’on s’attache à la personnalité et aux convictions de Richard Stallman, précurseur du concept et défenseur du « libre » dans toute son essence, possible.
Le libre, qu’est-ce que c’est ?
Si l’idée trouve une résonance en chacun, difficile parfois d’y donner une définition concrète. Car le libre, c’est le gratuit ? L’open source ? Pour le grand public notamment, la confusion est là. Mouvement politique et social reposant sur les libertés accordées aux utilisateurs du logiciel, il repose sur 4 grands principes. Liberté d’exécuter le programme, pour tous les usages. Mais aussi celle d’étudier le fonctionnement du programme et l’adapter à ses besoins. Liberté de distribuer des copies du programme donc le diffuser, ou encore améliorer le programme et distribuer ces améliorations au public dans l’optique d’en faire bénéficier la communauté. Pour ce faire, une condition sine qua non : l’accès au code source… Le tout, dans une volonté de produire une alternative viable aux logiciels propriétaires.
Alternative qui n’est pas dénuée d’une certaine philosophie et d’une visée éthique.
Aux origines
C’est en janvier 1984 que le « projet GNU » est créé. Se présentant comme un système d’exploitation compatible avec Unix . Composé de logiciels libres, il se revendique encore aujourd’hui comme défenseur de la liberté de ses utilisateurs. A ses manettes alors : Richard Stallman. Celui qu’on connaît aussi sous l’acronyme de RMS, n’est pas un bleu de l’informatique.
Richard Stallman, le militant créateur
En effet, programmeur américain, Richard Stallman est un personnage à part entière. C’est une figure incontournable de l’informatique doublé d’un idéaliste inlassable. Né en 1953 à Manhattan, il est poussé par ses capacités scientifiques à intégrer Harvard. Avant ça, il a été recruté par le centre scientifique de IBM. Lors de cette mission, il aura abordé l’écriture de son premier programme, destiné aux ordinateurs IBM 360. Devenu hacker au département d’intelligence artificielle du MIT, Stallman s’initie à ce qui va s’approcher de sa philosophie à venir… Pour la suite, l’histoire appartient à la légende, en quelques sortes.
D’une panne d’imprimante au militantisme
Confronté à une panne de l’imprimante Xerox mise à la disposition de son service, il désire améliorer le pilote existant. Or, les sources de celui-ci devant rester confidentielles, personne n’est en mesure de lui fournir. Il vit l’événement comme une véritable agression en plus d’un avertissement sur les limites de la logique propriétaire. Quelques mois plus tard, la conception du projet GNU était lancée. Avec pour objectif d’être un système d’exploitation équivalent à UNIX en version libre, GNU est suivi de la création de la Free Software foundation en 1985. Il s’agit d’un organisme à but non lucratif, dédié à obtenir une structure légale pour la communauté du logiciel libre.
Titulaire de nombre de prix et distinctions, Stallman se consacre aujourd’hui et depuis les années 90 à véhiculer sa philosophie et son engagement au travers de conférences et à la promotion du logiciel libre. On lui connait notamment des positions contre les toilettes payantes, Facebook ou en faveur de Jean-Luc Mélenchon. En effet, il a soutenu le candidat pour l’élection présidentielle de 2017 en France.
Linus Torsvald, le franc-parler sur fond de technologie
Impossible de parler du libre et du logiciel libre sans évoquer Linux. Et celui qui est réputé pour avoir créé, en 1991, le noyau dur du système d’exploitation : Linus Torsvald.
L’informaticien américano-finlandais de 48 ans poursuit le développement de Linux dont il est aujourd’hui considéré comme « dictateur bienveillant à vie ».
Tombé dans la marmite de l’informatique lorsqu’il avait onze ans, il effectue ses études à l’université de Helsinki avant de travailler au sein d’une société estampillée Silicon Valley, Transmeta. Cette immersion professionnelle lui permet de consacrer une partie de son temps au développement du noyau Linux. Celui-ci est né de son ambition d’écrire un émulateur de terminal pour accéder aux machines de l’université pendant ses études, alors que les simulateurs existants semblaient trop limités et rudimentaires à Torsvald. Initialement dénommé « Freax », pour son caractère étrange et pour reprendre le « x » de Unix, le dossier de stockage prend finalement le nom de « Linux », qui est conservé. Son message d’appel à contributeurs sur Usenet est devenu célèbre et Torsvald se tourne vers la licence GNU pour publier son travail, rendant les systèmes compatibles entre eux pour créer un nouveau système d’exploitation : GNU / Linux.
A l’origine du « Tux »…
C’est aussi lui qui est à l’origine de la désormais célèbre mascotte. Alors qu’il s’était déjà fait mordre par un manchot dans un zoo australien, il a développé pour l’animal un vif engouement. A la suite d’un concours remporté par Larry Ewing à l’aide de Gimp, Tux avait pris forme.
Devenu une sorte d’icône du logiciel libre dans la communauté, il est cependant peu motivé par la dimension philosophique du mouvement. Et, de fait, les divergences avec Richard Stallman se cristallisent. A terme, il trouve son compte dans la notion d’Open source naissante.
Aujourd’hui auteur de quelques publications et honoré de plusieurs récompenses, il conserve une réputation de perfectionniste. Il reste connu pour ses prises de position tranchées.
Et d’autres figures du libre
Mais si Torsvald est érigé comme le père fondateur du noyau Linux, d’autres personnages ont marqué, à différentes échelles l’évolution du système. Ainsi, Alan Cox notamment, en fait pleinement partie. En effet, il a découvert et corrigé de nombreux bugs dans le code de l’interface réseau. Andrew Morton, pour sa part, co-développeur du noyau Linux devenu mainteneur, poursuit cette activité. Il est, parallèlement, salarié de Google. Marcelo Tosatti, considéré comme enfant prodige puisqu’il a commencé à travailler sur le noyau Linux à 14ans, est devenu « lieutenant » de Torsvald et a remplacé Alan Cox.